Internet très haut débit: l'Arcep favorise la concurrence en ville22.06.2009 L'autorité de régulation des télécoms (Arcep) a autorisé les opérateurs du secteur à installer plusieurs fibres optiques par logement dans les grandes villes dans le cadre du déploiement de l'internet à très haut débit, une victoire pour les concurrents de France Télécom (Orange).
L'Arcep a clarifié les conditions de déploiement de la fibre optique dans les zones très denses, où il est "économiquement viable" pour plusieurs opérateurs de déployer leurs propres réseaux jusqu'au pied des immeubles ou à proximité.
Dans les 148 communes concernées à ce stade, soit 5,16 millions de foyers, tout opérateur pourra demander de "disposer d?une fibre supplémentaire pour chaque logement", avec une limite de "4 fibres en tout".
Par exemple, dans un immeuble où Orange est choisi par la co-propriété pour installer le réseau, Iliad (Free) ou SFR seront en droit de réclamer une fibre qui leur sera dédiée par foyer. Seule condition: assumer le coût des travaux et financer une partie des équipements communs.
Ce dispositif "représentera un surcoût de 5% sur l'investissement global de tous les opérateurs" qui est estimé "entre 3 et 4 milliards d'euros", a souligné le président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, lors d'une conférence de presse.
Concrètement, dans chaque appartement sera installé un boîtier avec plusieurs prises. Les abonnés pourront ainsi "changer plus facilement d'opérateur" et souscrire aux services de différents acteurs.
"Pourquoi se priver de cette liberté?", s'est interrogé M. Silicani, estimant que c'était du "bon sens" et que le "système inverse aurait instantanément recréé un super monopole de France Télécom en fibre optique".
Un avis partagé par le directeur général d'Iliad (Free), Maxime Lombardini, fervent partisan depuis plusieurs mois de la solution multi-fibres. "C'est une bonne nouvelle pour le déploiement de la fibre et pour le maintien de la concurrence", a-t-il réagi auprès de l'AFP.
Orange, qui a toujours défendu l'option mono-fibre, chiffrant le surcoût des solutions alternatives à près de 40%, s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat.
Mais vendredi, dans une tribune publiée dans Le Figaro, son PDG Didier Lombard s'était montré très critique. "Investir plusieurs fibres par foyer au lieu d'une priverait de la fibre plus de 5 millions de foyers, soit l'équivalent de plus de 500 villes moyennes", affirmait-il.
SFR, qui s'était auparavant rangé aux côtés de l'opérateur historique, a quant à lui pris ses distances. Si "le mono-fibre est une technologie plus simple à déployer et moins coûteuse, nous ne sommes pas opposés au multi-fibres", a indiqué un porte-parole du groupe, interrogé par l'AFP.
Côté calendrier, le projet de l'Arcep va être soumis à consultation publique pendant un mois pour être "éventuellement amendé". Son entrée en vigueur est prévue à l'automne après consultation de l'Autorité de la concurrence et de la Commission européenne.
L'objectif est "d'enclencher une dynamique", a souligné M. Silicani, alors que seulement 170.000 foyers étaient abonnés au très haut débit fin 2008, dont 130.000 via Numericable, loin de l'objectif du gouvernement de 4 millions en 2012.
D'ici la fin de l'année, le régulateur va plancher sur le déploiement de la fibre optique dans les zones moins denses, probable objet d'une autre âpre bataille.
Free et SFR prônent la mutualisation du réseau "pour étendre vite la fibre sur le territoire, plutôt que de construire en parallèle plusieurs réseaux", a a expliqué M. Lombardini, appelant l'opérateur historique à "se joindre à la partie".
AFP
Source : Infor-Mania