Puisque Monsieur Nathan insiste, Voilaa !
*
Sydney n'avait jamais été aussi belle aux yeux de Jason. Celui-ci se mit à chanter doucement, puis de plus en plus fort, mais cessa de peur d'être ridicule. Apercevant la photographie d'un palmier , il se prit à rêver à un voyage, un long et beau voyage... aux côtés de celle qu'il rejoignait. Sans comprendre, il fut face à la porte.
Il frappa énergiquement. Des pas se firent entendre, et une belle voix chanta:
- Qui est là?
- C'est Jason! Répondit celui-ci.
- Je ne connais aucun Jason! Dit la voix.
Il y eut un silence.
- C'est toi, Kacy? Fit Jason.
La porte s'ouvrit soudain:
- Mais oui c'est moi, mon Jason! Je t'ai bien eu.
Il allait protester, mais elle ne lui en laissa pas le temps:
- Entre, dit-elle.
Jason pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil.
Il ferma les yeux, et bailla.
- Viens sur mes genoux, dit-il à Kacy. Je vais te raconter quelque chose.
Celle-ci obtempera, et fit comme si elle ne se doutait de rien. Mais elle savait exactement ce qui allait se passer. D'ailleurs, elle ne fut pas sitôt près de lui qu'il la serra dans ses bras et se mit à l'embrasser fougueusement. Peu après, elle le regarda et lança:
- Tu es tellement prévisible que tu en es touchant!
- Ah oui? Fit Jason. Ça, c'est ce que tu crois. Car j'ai la preuve du contraire.
- J'aimerais bien voir ça!
- Viens, je vais te le dire en secret... dit-il.
Mais Kacy, pas dupe, se jeta sur lui avant qu'il n'ait eu le temps de tenter quoi que ce soit, et l'embrassa à son tour.
- Je t'aime, dit Jason.
- Je t'aime aussi, dit Kacy.
Cette phrase, ils se l'étaient répétée des milliers de fois. Mais jamais elle n'avait perdu de son sens.
- Voici maintenant six mois que tu m'es apparue. Et je n'ai jamais aimé une femme autant que toi. Car les autres étaient des femmes ordinaires.
- Voyons... tu vas me faire rougir, murmura Kacy.
- Pourquoi? S'écria-t-il. Tu es la personne la plus gentille que je n'ai jamais connue! La plus gentille de tout Sydney! Les gens ne t'arrivent pas à la cheville.
- Mais et toi, tu es si beau...
- Cela n'est rien à côté de toi. Lorsque je t'embrasse, j'ai l'impression que je m'envole. Quand je te quitte, j'ai l'impression que mon coeur se fait piétiner, ou transpercer par mille lances empoisonnées.
- Mais toi aussi, Jason, tu as beaucoup de qualités...
- Embrassons-nous encore... souffla Jason.
Ils s'embrassèrent donc. Au loin, on entendait cette douce musique. D'où cela venait-il? Quelle importance, du moment que c'était là. Bientôt, la musique, l'amour, les entraînèrent dans un tourbillon sans fin. Il n'y avait plus de plafond , plus de mur. Sydney était loin. Ils virent passer un chêne, au dessous d'eux. Puis deux. Maintenant, ils étaient sur la mer. Ils frissonnèrent... était-ce le vent qui s'était levé et qui faisait frémir un peu leur peau? Quelques nuages voilèrent le ciel. A mesure que les notes s'envolaient, la musique devenait de plus en plus belle, et le ciel de plus en plus gris. On se serait cru dans un tableau de Picasso. Des larmes de joie dans la voix, la musique jouait. Quelques gouttelettes de pluie vinrent alors troubler cet océan, tels des pizzicatos que le vent sifflant emportait au loin avant de les renvoyer à la figure des amoureux. Après quelques instants les gouttes grossirent, s'écrasant lourdement sur la surface de l'eau. Kacy, que la folie saisissait, se voyait vivre au milieu des éclairs... Plus la musique jouait plus le temps s'agitait, plus le ciel s'assombrissait, plus les vagues grandissaient, se brisant bientôt contre leurs pieds dans une explosion d'écume crépitante, poussées par des bourrasques assassines... leur baiser dansait sur cet air tourmenté, cet océan symphonique, cet opéra dramatique, les vagues étaient à présent immenses et la pluie tranchait le ciel plus sombre que la plus noire des nuits, c'était affreusement grand et terriblement beau, si beau que ça faisait mal, la musique hurlait sa douleur, de plus en plus fort, les notes tourbillonnaient, le vent devenait tornade, les vagues devenaient rouleaux, les amants tournoyaient, autour de leurs bouches, autour de leurs mains... et tout s'arrêta soudain.
- Kacy...
- Oui?...
- Kacy... veux-tu m'épouser?...
- Oui... fit-elle doucement.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
- Tu sais, c'est drôle, dit Kacy, car hier matin, Andy a tenté de me séduire.
- Non, c'est vrai?
- Oui, et comme je lui disais que c'était toi, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse avec lui.
- Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie privée.
- Heureusement je lui ai dit ceci: ''Le jour où tu seras un tant soit peu civilisé, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Jason est plus gentil que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.''
Fin