14.05.2011 Facebook a reconnu jeudi avoir lancé en sous-main une campagne de communication contre Google, qu'il voulait voir attaqué sur le thème du respect de la vie privée, franchissant une nouvelle étape dans l'affrontement désormais public entre les deux géants de l'internet.
Le numéro un mondial des réseaux communautaires a indiqué avoir passé contrat avec un grand nom des relations publiques aux Etats-Unis, Burson-Marsteller, afin d'attirer l'attention des journalistes sur les pratiques de Google dans le domaine du respect de la vie privée.
"Aucune campagne de calomnie n'a été autorisée ni voulue", a assuré un porte-parole de Facebook.
"Au lieu de cela, nous voulions que des tiers (blogueurs et journalistes, NDLR) vérifient que Google, sans avoir reçu d'autorisation des internautes, collecte et utilise des informations contenues dans les comptes Facebook", a-t-il ajouté.
"Nous avons engagé Burson-Marsteller pour attirer l'attention sur ce sujet, en utilisant des informations publiques qui peuvent être vérifiées de façon indépendante par tout média ou analyste", a poursuivi le porte-parole.
En guise de mea culpa, il a seulement admis un manque de transparence: "c'est un sujet grave et nous aurions dû le présenter de façon grave et transparente".
Un peu plus tôt, le site d'informations The Daily Beast avait publié les échanges de courriels entre un blogueur et Burson-Marsteller, dont un des employés lui avait conseillé d'enquêter sur Google, sans lui dire qu'il travaillait pour le compte de Facebook. "Les Américains doivent savoir" ce que fait Google de leurs donnée, écrivait cet employé.
Burson-Marsteller a bien confirmé jeudi avoir été engagé par Facebook, mais il a reproché à son client d'avoir insisté pour ne pas se faire connaître, donnant une allure clandestine à l'opération.
"Ce n'est pas du tout une procédure habituelle et cela va à l'encontre de nos règlement", a assuré Burson-Marsteller dans un communiqué.
Sur le fond, le cabinet de communication a fait valoir, comme Facebook, que "toutes les informations portées à l'attention des médias soulevaient de vraies questions, étaient dans le domaine public, et en tout état de cause c'était aux médias de les vérifier à travers leurs sources indépendantes".
USA Today faisait partie des médias approchés, ce qui avait conduit le quotidien a faire état en début de semaine d'une "campagne de rumeurs" contre Google, sans pouvoir identifier qui était derrière. C'est le site d'informations en ligne The Daily Beast qui a finalement démasqué Facebook jeudi.
Cette affaire est une nouvelle preuve de l'affrontement que se livrent Google, la plus grande réussite de l'économie internet née en 1998, et Facebook, qui de plus en plus vient menacer sa prééminence, avec plus de 600 millions de visiteurs uniques par mois - et 10% de ses employés recrutés chez Google.
Google cependant garde encore le dessus avec des recettes bien plus élevées: le cabinet eMarketer estimait jeudi à 43,5% la part de marché de Google sur le marché de la publicité en ligne aux Etats-Unis cette année, contre 7,7% pour Facebook.
Les deux groupes sont chacun en butte à des polémiques à répétition sur l'utilisation qu'ils font des données personnelles des internautes, un dossier ultra-sensible qui leur a valu des poursuites et qui inspire des projets de loi, alors que l'accès à ces données est indispensable à leur modèle économique.
© AFP