Le sort de Thomson, étranglé par une dette record, reste incertain20.05.2009 Etranglé par une dette record, le groupe Thomson, qui fut l'un des fleurons de l'industrie française, serait acculé au dépôt de bilan, faute d'accord possible avec ses créanciers, selon une source bancaire, ce que conteste la direction qui affirme que "les discussions se poursuivent".
Selon la source bancaire interrogée par l'AFP, la société a soumis la semaine dernière aux principaux créanciers une proposition de restructuration de sa dette, qui s'élève à environ 2,5 milliards d'euros.
Ce plan prévoit une conversion de la dette en actions pouvant aller jusqu'à 50% de cette dernière, un report d'échéances du reste de la dette "sur de longues périodes" et des abandons d'intérêt sur certaines créances, a détaillé cette source.
"Le sentiment général des banques est qu'il n'y a aucune chance pour qu'il y ait un accord de tous les créanciers et que le groupe va donc inéluctablement au dépôt de bilan", a-t-elle résumé.
Après avoir perdu jusqu'à 36% à l'annonce de ce possible dépôt de bilan, le titre a clôturé en baisse de 15,82%, à 0,79 euro, dans un marché parisien en hausse de 0,87%. Thomson a demandé une enquête à l'Autorité des marchés financiers.
Interrogé par l'AFP, un analyste parisien, qui a souhaité garder l'anonymat, a souligné que cela faisait "longtemps" qu'il estimait "que la société (allait) vers un dépôt de bilan", un accord semblant impossible "vu le nombre de placements privés et de banques impliquées".
De son côté, la direction a affirmé qu'elle "poursui(vait) les discussions avec l'ensemble de ses créanciers dans un climat constructif, avec pour objectif de trouver un accord d?ici le 16 juin", date de l'assemblée générale. Elle a précisé que, depuis fin avril, les négociations avaient "progressé".
Un autre analyste parisien, confiant lui sur la conclusion d'un accord, a estimé qu'"une solution (était) dans l'intérêt de tout le monde, de Thomson, des employés, des banques et des actionnaires".
"Toutefois cet accord devrait être extrêmement dilutif pour les actionnaires", a-t-il ajouté.
Le groupe, qui avait annoncé fin janvier qu'il ne serait pas en mesure d'honorer sa dette, avait obtenu le 27 avril un sursis de ses créanciers jusqu'au 16 juin.
En l'absence de moratoire, ses créanciers - "une vingtaine de banques et une trentaine de prêteurs obligataires", selon le PDG Frédéric Rose - étaient en droit d'exiger le remboursement immédiat de l'ensemble de la dette, ce qui aurait abouti de facto au dépôt de bilan du groupe.
Parallèlement à ces négociations, Thomson, qui employait fin 2008 23.000 salariés dans plus de 30 pays, s'est engagé dans un processus de cession de 20% de ses activités, soit 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
La société, qui regroupe des activités très disparates (des décodeurs aux effets spéciaux pour le cinéma, en passant par la distribution de DVD), souhaite se recentrer autour de ses studios de cinéma et de télévision, afin de "trouver un nouveau souffle", selon M. Rose.
Ancien fleuron de l'industrie française que le gouvernement Juppé voulait céder en 1996 au sud-coréen Daewoo pour un franc symbolique, Thomson - finalement aidé par l'Etat - a peu à peu cédé ses activités d'électronique grand public (téléviseurs, lecteurs de DVD, etc.), face à la concurrence asiatique.
Mais, sa reconversion dans les métiers de l'image, au rythme de nombreuses acquisitions et coûteuses restructurations, n'a jamais rencontré le succès escompté.
Thomson a terminé 2008 sur de lourdes pertes et des ventes en chute libre. Au premier trimestre, il a cependant vu son chiffre d'affaires progresser de 3,1% à taux de change constant pour les activités conservées, au-dessus des attentes du marché.
AFP
Source : Infor-Mania.com