Smartphones: l'alliance Nokia-Microsoft divise les experts18.02.2011 L'alliance Nokia-Microsoft est un tournant majeur dans la bataille pour la suprématie sur le marché des smartphones, mais les experts restent divisés sur l'opportunité de ces fiançailles entre géants aux pieds d'argile.
Annoncée le 11 février, juste avant le Congrès mondial du mobile, le partenariat entre les groupes finlandais et américain a alimenté cette semaine à Barcelone les débats de ce rendez-vous annuel du secteur.
L'association va faire du système d'exploitation de Microsoft, Windows Phone, le principal logiciel des smartphones Nokia.
Dans un marché dont les lignes ont été bousculées par l'iPhone d'Apple, elle constitue le plus gros "coup", depuis l'émergence d'Android, le système de Google adopté par un nombre croissant de fabricants de téléphones multifonctions.
Android a rencontré en 2010 un succès foudroyant. Selon le cabinet Gartner, il a décuplé sa croissance et, avec 22,7% de parts de marché, s'est hissé au deuxième rang mondial sur l'année, derrière le système d'exploitation Symbian de Nokia. Il a même décroché la première place des ventes sur le 4e trimestre.
Nokia est de son côté en perte de vitesse. Il reste en tête des ventes de portables mais affiche 7,5% de parts en moins, du fait de son retard dans les terminaux haut de gamme.
Son PDG Stephen Elop, et son alter ego de Microsoft, Steve Ballmer, ont martelé à Barcelone leur confiance dans leur association.
Industriels et analystes sont unanimes à considérer que le champion finlandais ne pouvait rester bras croisés face à la concurrence.
"Je comprends pourquoi (M. Elop) a fait ça, et je suppose que si j'avais été à sa place, j'aurais fait la même chose", a déclaré Paul Otellini, patron du géant des puces électroniques Intel.
Pour autant, le choix de Microsoft était-il le bon?
Les deux partenaires ne prévoient pas de lancer de smartphones Nokia sous Windows avant fin 2011.
Malgré le lancement de Windows Phone 7, Microsoft a perdu des parts au dernier trimestre 2010 sur le marché américain des systèmes d'exploitation pour smartphones, selon le cabinet comScore.
Magnus Rehle, analyste de Greenwich Consulting, affiche sa défiance quant à l'avenir de Microsoft dans la téléphonie: "Microsoft a déjà essayé sept fois sans réussir à convaincre les utilisateurs (...) ni les développeurs, ce qui est la clé du succès car s'ils n'ont pas de contenu à proposer, ils ne convaincront pas".
Selon lui, Nokia aurait pu lancer plus vite de nouveaux modèles et rattraper son retard dans les smartphones, en adoptant Android plutôt que Windows Phone.
Pete Cunningham, analyste chez Canalys, prédit de son côté qu'Android va croître deux fois plus vite que ses concurrents cette année. Mais il estime que Nokia a de bonnes raisons de parier sur Windows Phone, dans lequel il voit une alternative technologiquement crédible.
"Là où Microsoft perd (actuellement), c'est dans la bataille du marketing", explique-t-il. Il juge en revanche que "Nokia et Microsoft sont très bien positionnés ensemble pour le moment où arrivera la croissance de la publicité sur les mobiles", la prochaine grande source de revenus espérée par le secteur.
"Ils ont toutes les opportunités (pour réussir). La seule question, c'est comment ils vont travailler ensemble", ajoute-t-il.
A en croire Eugène Kaspersky, fondateur du géant russe des systèmes de protection informatique Kaspersky Labs, le succès d'Android et sa capacité à attirer à lui les développeurs font qu'il est peut-être déjà trop tard.
Exposant sa vision de l'avenir du marché des smartphones, il a dressé à Barcelone un sombre tableau pour les concurrents du système d'exploitation de Google, qu'il voit à terme dévorer 80% des parts, ne laissant que des miettes à l'iPhone et au BlackBerry... et rien du tout pour Nokia-Microsoft.
© AFP